Histoire (longue) de la marque

O.B.O. (Organic & Beautiful Objects) a pris naissance en 2006, un jour où je me promenais nonchalamment au bord de la mer d'Iroise, en me demandant comment j'allais pouvoir financer la fin de mes études d'anthropologie. 

C'était un mardi, il faisait beau, et je me suis laissée porter par une grande vague introspective pour tenter de trouver une réponse à ma problématique économique.

Née dans une famille d'artisans de jouets en bois, j'ai grandi dans les montagnes du Jura Suisse, au milieu des copeaux de bois et des vastes étendues herbeuses. Mes parents, hippies de la première heure et anthroposophes engagés, étaient persuadés que l'autonomie passait par l'autarcie, et m'ont donc appris à tout fabriquer et faire pousser par moi-même. 

Mais qu'allais-je aujourd'hui pouvoir faire de tout ça ? Mes dix doigts me démangeaient, et réclamaient que je les laissent s'exprimer, car depuis la fin de ma maîtrise d'arts plastiques, ils avaient surtout tourné des pages et écrit des milliers de mots sur des feuilles blanches. L'exercice créatif leur manquait et - comme des papillons malicieux - j'ai décidé - lors d'un de ces élans qui changent votre vie - de les libérer en leur offrant un espace d'expression... et qui puisse également subvenir à mes besoins.

C'est ainsi que naquit Chapline, premier nom de ma marque, qui ne deviendra OBO qu'en 2018. Au tout début, j'ai fait des vêtements, en travaillant à partir des fins de rouleaux de grands créateurs, que je vendais ensuite sur ebay. Puis, très rapidement, j'ai complété mes créations par des accessoires en coton bio, que la jeune entreprise Biotissus - implantée à Plouzané - me fournissaient. C'est d'ailleurs à cette époque que j'ai fabriqué mes premières lingettes démaquillantes.

Et d'années en années, j'ai exploré, inventé, échangé avec le réseau naissant des créateurs français... et financé la fin de mes études. 

Mon diplôme en poche, direction Clermont-Ferrand, pour six années passionnantes durant lesquelles je deviendrai une enseignante-chercheuse accomplie et engagée. Mais en parallèle, je garde, comme un trésor précieux, du temps pour continuer à créer et faire grandir la communauté qui s'est formé autour de Chapline. Je commence à vendre dans mes premières boutiques, tout à côté de mon appartement clermontois.

2013, changement de cap, je retourne en Finistère, la mer me manquait trop. Je travaille durant deux ans à l'université de Brest comme enseignante et chercheuse, mais le contexte très académique ne me convient pas du tout. En 2014, je rejoins l'équipe qui lance la première boutique associative de créateurs à Brest : Tilt, et je poursuis une nouvelle obsession : rendre toutes mes créations 100% compostables en fin de vie.

Ce choix fut finalement décisif, car en 2015, après la naissance de jumeaux, je prends la décision d'arrêter la recherche et de me lancer à plein temps dans la création. 

Bon, il faudra bien attendre un an et demi pour que le manque de sommeil et l'intensité de mon nouveau quotidien me donnent l'opportunité de mettre ce projet en route. Mais ce changement de vie - qui m'a quand même paru bien audacieux à l'époque - est aujourd'hui devenu ma nouvelle évidence. 

2016, je me lance le défi de vivre pleinement de ma nouvelle activité. Je réfléchis donc aux nouvelles orientations à prendre pour passer le cap de l'artisanat de niche et m'ancrer comme marque économiquement viable. 

La première évidence, qui ne m'a jamais quittée, était celle du bio, oui mais ensuite ? Evidemment, je créais déjà vêtements et accessoires, mais je sentais qu'il me fallait quelque chose de plus.

Fin 2016, je tombe par hasard sur une vidéo parlant du bee wrap... c'est une révélation. Un vague souvenir d'un lointain cours sur la préhistoire - où les premiers humains utilisaient déjà des tissus enduits pour conserver leurs aliments - remonte à ma mémoire, et finit de me convertir à cette idée naissante. Je voulais fabriquer mes propres bee wraps, et proposer des emballages écologiques pour remettre nos méthodes ancestrales de conservation au goût du jour, et lutter à ma façon contre la pollution plastique et le gaspillage alimentaire. 

Je me lance dans ce qui sera une très longue période de tests, d'avancées, de découvertes, d'analyses et de mises au point. 

2017 : naissance du premier bee wrap breton, je peaufine encore ma recette.

2018, ça y'est, il est prêt, et motivée comme jamais, sur une lancée d'équilibriste, je crée la boutique Aÿa à Porspoder, première boutique associative française implantée dans le monde rural à ne proposer que des créateurs et des producteurs locaux et bio. Ça n'a pas été un long fleuve tranquille mais ce projet est aujourd'hui un beau succès, même si les épisodes de confinement lui rendent la vie dure. 

2018-2019, je développe de nouveaux produits, je remets des anciens au goût du jour et puis, au printemps 2019, lors d'un passage en caisse de la Biocoop de Saint Renan, un flash... et si je leur proposais mes beewraps ?

On échange, on débat, on pose les bases d'une collaboration, on définit une charte... et c'est parti. 2019, le bee wrap breton débarque en Biocoop. D'abord une, puis deux, puis trois Biocoops me suivent. Puis d'autres magasins de vracs s'invitent dans la boucle.

2019, je travaille d'arrache-pied, je coupe, j'enduit, je dors peu. Ma petite famille pâtit un peu de ce travail acharné, et je réalise que la maternité me donne l'envie de me réaliser ailleurs que dans le cadre familial. Je frise le burn out... je me repose enfin début 2020, épuisée. 

Premier confinement, le monde se met en arrêt. On retient son souffle. Les écoles ferment, les enfants seront pendant trois mois à la maison. Le quotidien devient ubuesque. Période intense. Je fais des masques, pendant deux mois. Puis je décide de ne plus jamais en faire, car j'ai détesté ce sentiment de coudre à en perdre haleine, de devenir une machine productiviste.

Le monde rouvre, on respire à nouveau. Mais le nouveau monde sort masqué, distancié.

Mon activité repart, les commandes arrivent, le bee wrap breton reprend sa place, et continue de se développer.

Automne 2020, on bascule dans l'absurde reconfinement. Noêl en ligne de mire, c'est tout une économie qui est mise sous perfusion. De partout fleurissent des sites internet, on s'y met tous, plus le choix. Je bénis l'envie de me développer en local, dans de vraies boutiques partageant mes valeurs. Ce sont mes partenaires privilégiés, j'ai de la chance. 

Et voilà, nous sommes aujourd'hui. Ce site vient de prendre forme. 

Bravo si vous m'avez suivi jusqu'au bout. Je vous invite à présent à intégrer la suite de cette histoire, de la manière qui vous parlera. A très vite de l'autre côté de cet écran :)

Shantala